Le radar de la foodtech #10 : Hubcycle

FuturaGrow
6 min readApr 19, 2022

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✍🏻 Propos recueillis par Yasmine Fassi Fihri, Responsable Communication Futuragrow & Startup Palace

Aujourd’hui, on part à la rencontre de Julien Lesage, fondateur de la startup Hubcycle. Une startup innovante, qui est la première à recycler les déchets de l’industrie agro-alimentaire et à les transformer en produits cosmétiques et alimentaires. Depuis cette interview, qui a eu lieu il y a quelques semaines, Hubcycle a fait une levée de fonds de 3,5 millions d’euros, bravo à eux 🙌🏼

C’est parti pour l’interview ! 🧐

Photo Le DL/Christophe AGOSTINIS

♻️ Bonjour Julien, ravie de vous recevoir sur le blog de FuturaGrow. Hubcycle c’est quoi concrètement et comment ça fonctionne ?

En Bref, c’est une sorte de Tinder, mais pour les déchets industriels. On identifie quelle est la matière idéale pour une entreprise, et on trouve ensuite qui mets à la poubelle cette matière, ou quelque chose qui nous permets d’obtenir cette matière. On se sert de nos bases de données et de nos cerveaux pour faire ce “match”. Typiquement, pour faire du jus d’orange, on pèle l’orange. Pourtant les usines qui font de l’huile essentielle d’orange n’ont besoin que de la peau, qui contient toute l’huile essentielle.

♻️ Comment avez-vous eu l’idée de lancer HubCycle ? Quelle est la genèse de Hubcycle ? Le constat de départ ? Et qu’est ce qui t’a poussé toi, Julien, a démarré ce projet ?

Honnêtement, c’est une longue histoire. Tout a vraiment commencé dans un laboratoire R&D à Grasse, dans le sud de la France. On s’est rendu compte qu’on arrivait à extraire de nos propres déchets une molécule bien spécifique. Au final on s’est servi de notre propre déchet comme matière première, et on a économisé de gros sous. On a eu de la chance d’avoir un débouché pour notre propre déchet. C’était le début de la réflexion : comment rendre ça disponible dans toute l’industrie, pour faire plus avec moins ?

♻️ Qui sont vos clients ?

La totalité du tissu industriel alimentaire. Si une usine transforme une matière première en un produit fini : elle a des co-produits (des déchets), c’est un fournisseur potentiel. Si elle utilise des matières premières, on peut lui fournir des co-produits recyclés pour les remplacer, c’est donc un client potentiel. Chaque industriel est à la fois un client et un fournisseur chez nous. D’ailleurs on vend souvent plus de choses à des clients qui ont commencés par être fournisseurs.

♻️ Comment communiquez-vous auprès des industriels pour promouvoir votre solution ? Pourquoi ont-ils intérêt à utiliser votre solution ? Et surtout, comment faisaient-ils avant ?

Avant il n’y avait tout simplement pas de solution comme la notre. Il existe les valorisations en biogaz ou en compostage, qui sont nécessaires mais pas optimales. Ce sont des valorisations très pauvres pour la planète et pour nourrir ses habitants : les matières qui partent dans ces flux sont perdues, et cela alimente une sur-production agricole qui pèse aujourd’hui pour 8% des émissions de CO2. Clairement, ce qui est central pour nous c’est la sobriété industrielle. On pense que les consommateurs feront confiance à l’industrie uniquement quand ils seront sûrs que leurs décisions prennent en compte le fait que nous avons des ressources limitées, et une planète proche de la limite. Ce qu’on apporte aux industriels c’est avant tout une solution rentable à cette question. Si on est plus terre à terre : on apporte beaucoup d’argent à nos fournisseurs en achetant cher leur co-produits, tout en ne leur apportant quasiment aucune contrainte. On permets à nos clients d’économiser beaucoup d’argent également, en achetant nos produits à prix compétitifs. Et enfin on alimente toute la chaîne de valeur avec des données d’économies de ressources naturelles réalisées via la valorisation de ces produits gaspillés. Cela crée une belle histoire marketing tout en restant purement factuelle. C’est important pour nous d’arriver à réunir la R&D, les achats, le marketing et la RSE autour d’intérêts communs.

♻️ Vous avez levé 1,5 M d’euros il y a tout juste un an. Comment s’est passée la levée de fonds, à quoi l’argent était-il destiné ?

La levée de fonds s’est bien passée. Elle a été très rapide. On sent que les investisseurs sont sensibles à ces sujets de développement durable en ce moment, surtout quand c’est rentable. On a eu la chance de pouvoir choisir des investisseurs stratégiques pour nous (Daphni), qui nous poussent au quotidien à être meilleurs. C’est nécessaire pour avancer vite et bien. L’argent étant quasiment entièrement destiné au recrutement.

♻️ Vous êtes combien aujourd’hui dans l’équipe ? Est ce que vous recrutez ?

Nous sommes 10 aujourd’hui, et nous serons environ 25 en fin d’année. Donc oui nous recrutons : il faut candidater.

♻️ Quels sont vos plus gros challenges aujourd’hui ?

Le recrutement, forcément. Aligner la vitesse de croissance avec ce que nous coûte le recrutement. Continuer de diffuser les bonnes valeurs humaines dans une équipe qui grandit vite. Et également faire comprendre à l’industrie qu’on changera pas le monde seuls, et qu’il faudra probablement qu’ils prennent leur part du risque pour que notre solution passe à très grande échelle.

♻️ Si vous aviez la possibilité de revenir en arrière, que changeriez-vous dans le développement de Hubcycle ?

Rien. L’histoire est belle comme ça. Je n’ai à me plaindre de rien. J’aurais dû prendre certaines décisions difficiles plus tôt : c’est mon point faible. Mais j’y travaille.

♻️ Quelle est votre plus grande fierté aujourd’hui avec Hubcycle ?

Je pense honnêtement aujourd’hui qu’on a tous les ingrédients pour faire changer le système d’approvisionnement global. Les planètes sont alignées et nous avons la solution qui répond à ça. Si nous n’y arrivons pas, ce sera forcement de notre faute à nous. C’est un luxe et une vraie fierté d’être dans cette position aujourd’hui.

♻️ Qu’est-ce qui fait la force de Hubcycle selon vous aujourd’hui ?

Sa transversalité & sa résilience. Nous pouvons fabriquer n’importe quoi sur la base d’à peu près tout. Et tout ça sans avoir d’usine, toujours en utilisant des ressources gaspillées, et toujours en économie circulaire. Nous ne subissons quasiment pas l’augmentation des prix des matières premières. Nous trouvons de tout localement, même des mangues et du cacao. Le modèle est future-proof.

Exemple de matières premières

♻️ Projetons-nous maintenant : Hubcycle dans 2 ans ça donne quoi idéalement ?

Une équipe de 100 personnes géniales qui sait exactement que chaque action leur fait économiser des tonnes de ressources naturelles.

♻️ Quelles sont les prochaines grandes étapes pour vous ?

On annoncera bientôt une nouvelle levée de fonds qui amènera son lot de challenges. Bien dépenser cet argent, bien exécuter nos opérations internes, et surtout, se rapprocher encore plus du consommateur.

♻️ Y a-t-il une foodtech ou agtech dont vous admirez particulièrement le développement et pourquoi ?

J’aime beaucoup 77 food, nouvellement devenue La Vie. Je pense que petit à petit leur produit deviendra plus authentique. Mais c’est surtout leur attention permanente à faire un produit qui a bon goût qui m’impressionne, parce que c’est ça le plus important dans la food : le goût !

Hubcyle sur les RS :

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FuturaGrow, l’accélérateur de lafoodtech lancé en partenariat avec Sodebo et Brioches Fonteneau.